mercredi 30 décembre 2015

Noël sous les tropiques


De la country, des chants de Noël, des crèches en bambou, des habitants qui vous saluent avec un parlé aux accents portugais, et des pétards par milliers, voici le Noël improbable passé sur l'île de Saparua, dans l'archipel des Moluques.





 

Si vous êtes en Indonésie au mois de décembre, il est probable que vous cherchiez à atteindre une destination paradisiaque sous un temps de rêve pour les fêtes de fin d'année. Et cette destination est très certainement aux Moluques, entre les îles Banda ou les Kei...  voilà pour le plan initial !
Oui mais voilà, ces endroits préservés sont non seulement éloignés, mais également desservis par des transports Indonésiens, donc doublement plus difficile d'accès!

Arrivés le 23 décembre à Ambon, la capitale de l'archipel, nous nous enquérons des bateaux en partance auprès des hôteliers locaux. Ceux-ci nous assurent que des bateaux partiront demain de bonne heure de Telehu, le petit port au nord de l'île. Parfait! D'autant plus que passer Noël à Ambon, ville portuaire sans aucun charme, n'a vraiment rien d'excitant !

Arrivés à Telehu le lendemain matin, c'est la cohue. Tout le monde repart sur son île pour fêter Noël ce soir, et chacun veut son billet. Problème, la mer est houleuse et aucun bateau ne part pour les Banda avant... janvier ! Si passer Noël à Ambon est une punition, y passer une semaine relève de la torture.
Dilemne! Soit nous partons pour l'aéroport tenter notre chance avec les petits avions qui desservent Bandaneira, soit nous filons en bateau pour la première île. Le bateau étant à portée de main, nous sécurisons notre destination en achetant tactiquement deux billets dans une foule furieuse. L'astuce des locaux : écrire les noms des passagers sur un papier, préparer sa monnaie, et donner le tout à une femme 3 rangs devant vous avec un grand sourire et prier... 2mn plus tard vous aurez vos billets achetés par une inconnue !

Arrivés dans le petit ferry, nous nous entassons parmi les dizaines de passagers qui se jettent sur le pont. Bloqués dans le petit compartiment de la classe VIP, nous restons là dans l'agréable air climatisé attendant d'en être chassé. Oui mais c'était sans compter le zèle Indonésien! Une jeune femme, épouse d'un militaire à bord, nous invite à nous asseoir en nous disant qu'il n'y a pas de problème. Après plusieurs refus polis, nous acceptons devant son insistance. Elle demande alors à son mari, un grand gaillard de 2m en uniforme kaki, de nous faire surclasser sans frais, ce qu'il fait immédiatement auprès de l'équipage qui se met au garde à vous!

Arrivés à Saparua, nous voilà dans le chambardement du débarquement. Sacs, cartons, scooter, bébé, grand mère, on se balance tout de bras en bras jusque sur le quai, où les tambours d'une fanfare battent la mesure !

Sur terre aussi la femme du militaire, Esther, décide de continuer à nous aider quand nous lui demandons où est le distributeur le plus proche. Son mari de militaire, Silva, réquisitionne alors deux scooters sur lesquels nous montons en les suivant jusqu'à la banque de Saparua city. Ils nous emmènent ensuite à un hôtel où ils paient nos deux transports et demandent à l'hôtelière de nous loger. Hallucinant, malgré nos protestations et nos invitations à boire un verre, ils repartent sans rien vouloir savoir. Quel tempérament surprenant!
Malgré cela, l'hôtelière, maussade devant cette arrivée en force nous a installé dans un clapier face à la mer. Et la vue ne compense pas le standards Indonésien des années 80! Deux lits mous avec des matelas plastifiés dans une pièce de 15m carré, et un toilette avec un robinet qui coule dans un trou d'eau carrelé... no comment.
C'est alors que les descendants de colons nous aident. Toute une famille de Hollandais dont les grands parents parlent Indonésien couramment, vient de passer une nuit ici, qui n'a pas dû leur plaire d'ailleurs puisqu'ils partent pour des bungalows à 15mn de là. Ni une ni deux, nous les suivons jusqu'au village de Mahu. Dans le taxi, les chants de Noël américains tournent à fonds, nous rappelant que l'île est principalement Catholique. "Merry Christmas, to youuuuuu" ! Il est 15h, et nous nous installons dans un confortable bungalow au milieu des cocotiers face à la mer.

Dans le village, c'est l'effervescence, ce soir est une fête que chacun attend avec une grande impatience. En préparation, les vivants honorent les disparus, en se rendant dans le cimetière où les petits tumulus sont couverts d'un petit abri. Dans le jardin, on a préparé de petites crèches en bambou et en palmiers qui hébergent des images de Jésus. Dans les rues, des fanions, des guirlandes et des sapins de Noël en sac plastique ponctuent la chaussée. Pour couronner les préparatifs, certaines maisons ont installé d'énormes enceintes et diffusent de la country américaine dans le village ! Mais quelle atmosphère improbable que ce Noël sous les tropiques!

19h, l'heure de la messe. Elvis cède la place au son des cloches, tandis que nous nous attablons chez notre hôte. Avec un couple de Danois et deux Français, nous dînons agréablement devant un buffet de poisson et de riz. Avec la famille de Hollandais présente sur une autre table, nous sommes tous des déçus des îles Banda. Nous apprenons d'ailleurs que l'avion ne volera pas avant Janvier également ! Janvier, fais ce qu'il te plaît?

Le repas terminé, nous déambulons dans Mahu, où les habitants sortis de la messe se retrouvent. Entre amis dans les rues, ils nous interpellent de leur accent chantant, content d'échanger un sourire avec un des rares étrangers qui passent sur l'île. En famille dans les maisons, ils se réunissent pour prier de nouveau ou pour entonner des chorales, comme ce refrain de "douce nuit" chanté en Indonésien que nous entendons par une porte entre ouverte.

23h, la nuit du 24 décembre démarre dans le calme chaud des vents qui soufflent sur l'île aux épices. Toutefois à minuit pile, le passage au 25 déclenche une salve de feu d'artifice tirée par tout ce que l'île compte d'habitants. Partout les détonations font tressaillir l'air sans interruption pendant 5mn, avant de céder la place au silence le plus complet.
Joyeux Noël dans l'atmosphère incroyable de Saparua !

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